Pierre « Notre bébé polyhandicapé n’a pas survécu mais notre cœur est en paix »
Nous avions déjà 6 enfants quand Sophie a attendu le petit 7ème : elle avait 39 ans, nous tirions le diable par la queue, ce n’était pas dans nos plans… Mais nous sommes très croyants et nous en sommes remis à la Providence. Jusqu’à la première échographie qui a quelque peu fait vaciller cette confiance : le bébé était porteur de lourds handicaps. Stress, larmes, peurs multiples… Nous avons crié vers le Ciel et redoublé de prières. Famille et amis se sont tenus à nos côtés, pleurant et priant avec nous, dans un grand élan de fraternité et de générosité qui nous a consolés et fait chaud au cœur. Quel ascenseur émotionnel que ces sept mois de grossesse ! Nous étions tour à tour et alternativement abattus ou combattifs, sereins ou dévorés d’angoisse, graves ou légers, le second degré faisant chez moi office de soupape de survie !
Evidemment, le corps médical, certains proches, de vagues connaissances nous ont poussés à faire une IMG (Interruption médicale de grossesse, pour cause de handicap). « C’est de la folie de le garder » nous disait-on. « C’est irresponsable vis-à-vis de vos autres enfants, vous vous préparez un avenir infernal… »
Il nous est arrivé de douter, je le confesse. Mais au fond du fond, Sophie et moi étions sur la même longueur d’onde : la vie, c’est sacré, elle ne nous appartient pas. Et à chaque jour suffit sa peine.
Et puis il y a eu cette éprouvante journée où Sophie a senti que quelque chose n’allait pas, comme un grand froid en elle. Urgences, monitoring désespérément muet, échographie… Et ce verdict tranchant, sans retour : l’enfant est mort, notre Josué n’a pas survécu.
Oserai-je l’avouer ? A notre peine -immense-, s’est mêlé un certain soulagement : quel aurait été le devenir de cet enfant polyhandicapé ? Aurions-nous eu les moyens de lui assurer une vie aussi digne que possible ? La famille y aurait-elle survécu ?
Nous avons inscrit Josué sur le livret de famille, lui avons organisé un enterrement, tout en ferveur et recueillement. Nous étions en paix : nous avions aimé de tout cœur ce petit homme souffrant, il avait rejoint les anges du Ciel et veillait désormais sur nous.
Il y a eu comme un grand vide, après. Que le temps n’apaisait pas. Alors nous avons été fous. Trois années étant écoulées, nous avons décidé d’avoir un autre enfant, le huitième. Séverine est née en pleine forme, merveilleuse petite fille au caractère joyeux et déterminé. Elle a illuminé notre quotidien de parents quadras et vient tout juste de se marier. La vie est un mystère, elle déjoue nos plans, nous bouscule : mais elle est la Vie, ô combien précieuse !
NB : Si vous êtes dans cette situation, n'hésitez pas à prendre rendez-vous au sein de l'Accueil Louis et Zélie le plus proche de chez vous. S’il n'y en a pas, contactez-nous pour que l’on trouve ensemble une solution. Nous sommes à votre écoute.
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