Charlotte « J’ai été si bien accompagnée que mon deuil a été serein »
Serait-ce parce que j’ai grandi dans un milieu très privilégié (foyer stable avec beaucoup d’amour et une excellente entente dans la fratrie) ? Je n’avais jamais imaginé connaître un pépin lors d’une grossesse… Aussi ai-je abordé très sereinement celle de notre troisième enfant. Nous avions déjà deux garçons, j’avais à peine 35 ans, ma santé était au beau fixe.
Sauf qu’à 6 mois, un décollement placentaire a entraîné chez notre petit Gabriel une hypoxie fœtale, c’est-à-dire un manque d'oxygène : malgré une hospitalisation en urgence et la forte mobilisation d’une équipe médicale parisienne de pointe, il a été impossible de le sauver.
Tout a été très rapide, brutal, choquant. A l’hôpital, j’ai été très bien prise en charge, on m’a proposé de prendre des photos de mon bébé, de le nommer, de lui faire une place sur le livret de famille. Une amie dessinatrice est même venue faire une aquarelle de lui, que je conserve précieusement... J’ignorais tout de ces rites de deuil anténatal : il paraît que depuis une ou deux décennie(s), ils se multiplient pour apaiser la peine des mamans et des familles. Pour moi et mon mari, cela a été d’un grand secours.
Rentrée à la maison, j’ai passé une semaine à tourner en rond dans notre appartement ou plutôt à pleurer toutes les larmes de mon corps. Je sais viscéralement ce que cette expression signifie : je me suis comme vidée d’un monceau de pleurs, avec le sentiment qu’à l’avenir, il ne m’en resterait plus en réserve ! Jamais je n’avais vécu un tel désarroi : ce manque abyssal au creux du ventre, comme si j’étais amputée, ce silence assourdissant…
Sur les conseils de mes proches, j’ai pris rendez-vous avec une professionnelle spécialisée dans l’accompagnement des grossesses interrompues. Grâce à cette femme, j’ai pu remonter assez vite la pente. Ayant la chance d’avoir la foi, j’ai confié ce petit garçon à Dieu, et demandé à ce dernier de nous aider à ne pas rester enlisés dans notre peine. Le goût de la vie est revenu assez vite, et je suis retombée enceinte moins d’un an après. Encore un garçon ! La Vie est plus forte que tout. Je m’adresse de temps à autre à mon petit ange, sans amertume. Parce que j’ai été entourée, consolée et accompagnée, je suis en paix.
NB : Si vous êtes dans cette situation, n'hésitez pas à prendre rendez-vous au sein de l'Accueil Louis et Zélie le plus proche de chez vous. S’il n'y en a pas, contactez-nous pour que l’on trouve ensemble une solution. Nous sommes à votre écoute.
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